Elle s'est mise à la peinture presque par hasard, en arrivant à Stutzheim, il y a six ans. Préparatrice en pharmacie, Isabelle Deloron a trouvé sa« soupape », et décline depuis ses tableaux monochromes pour les grands et les petits. Elle expose jusqu'au 11 mars à la maison du tourisme de Truchtersheim.
"J'ai commencé à peindre en arrivant en Alsace." Originaire de Remiremont, dans les Vosges, Isabelle Deloron a fait des études de pharmacie à Strasbourg, avant de rencontrer "un mari parisien" et de s'arrêter dans la capitale. Puis d'atterrir à Stutzheim, il y a six ans. "Pour nos deux filles, alors âgées de six et trois ans, c'était sympa d'avoir enfin l'espace et la nature...
Malgré cela, l'acclimatation ne s'est pas faite sans mal. "Mon mari et ma meilleure amie m'ont offert de la peinture, un bloc et des pinceaux. J'ai mis six mois à savoir quoi en faire", se souvient Isabelle, installée dans son tout nouvel atelier, l'espace, encore en attente d'escalier, est sis sous les combles de la maison familiale.
Depuis, celle qui dit n'avoir jamais particulièrement peint, ni dessiné, pendant son enfance - " ma mère et ma sœur étaient assez douées et je nourrissais un gros complexe d'infériorité» - s'est bien rattrapée.
A voir sa table couverte de tentatives autour de son inspiration du moment (des ronds, des planètes et des bulles, déclinés de mille et une façons, mais toujours dans un « gris de peyne » qui se mue en un bleu changeant une fois dilué à l'eau), on a du mal à croire qu'elle ait pu être un jour en manque d'inspiration.
"J'ai commencé par des coquelicots et des paysages africains, déclinés dans des tons rouge-orangé ", se souvient-elle. Avec de l'acrylique, d'abord, sur la table du salon, avant d'oser tester l'huile, si longue à sécher, et de finalement déménager sous les combles. "C'est moins risqué quand il y a des projections et ça libére l'espace familial !", sourit-elle.
Après les rouges. elle s'est plongée dans les verts, les jaunes, et a appris quelques techniques avec un professionnel. Elle a surtout beaucoup potassé, dans les livres, sur internet... "On apprend à regarder les choses autrement, à voir dans ce qui nous entoure les lumières, les contrastes, les couleurs, pour essayer de reproduire une ambiance. Je n'aime pas copier. Je m'inspire, mais ensuite, je laisse aller."
Isabelle Deloron mélange, fait des essais, apprend à apporter de la lumière dans un tableau. "Ce qui est diffcile, c'est de savoir s'arrêter. On a toujours l'impression que l'on peut améliorer la toile. Or, il faut savoir rendre les choses légères!"
Dans sa peinture, elle aime les paysages, les détails (un vin en train d'être servi, le fond d'un œil... ), les animaux. Elle a notamment à son actif une jolie série d'éléphants, dont l'idée lui est venue après une commande pour une naissance. L'un est parti en Bretagne, l'autre du côté de Tahiti !
"J'ai parfois du mal à me canaliser. Je vaux tout essayer. Ce que je cherche, c'est une ambiance plutôt que quelque chose de carré et de figuratif. Mon univers n'est pas figé, il évolue sans cesse." Sur ses bulles, par exemple, elle commence par des lavis très dilués, puis, petit à petit, ajoute de la couleur et de la matière.
Au niveau des formats, ses préférences vont vers le panoramique, même si elle vient de travailler sur une série de toiles carrées. "J'ai postulé au Carré d'Artistes, qui propose exclusivement des toiles à ce format." Il est loin le temps où elle ne dormait pas plusieurs nuits de suite à la seule idée d'exposer à Stutzheim.
Sans doute est-ce parce que la préparatrice en pharmacie, qui s'installe à son chevalet trois ou quatre fois par semaine, gagne en confiance. Même si entre un travail prenant et sa vie familiale, le temps fait parfois défaut.
"J'aimerais beaucoup prendre des cours, pour me confronter, pousser mes limites", explique-t-elle. En attendant, elle peaufine sa technique seule, dans son grenier, à la lumière blanche, essentiellement la nuit. Une chose est certaine : elle ne laissera pas tomber la peinture, qu'elle voit désormais comme une véritable "soupape de sécurité".